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" Mais, j’aurai beau supplier, j’aurai beau me révolter, il n’y aura plus rien pour moi ; je ne serai, désormais, ni heureux, ni malheureux. Je ne peux pas ressusciter. Je vieillirai aussi tranquille que je le suis aujourd’hui dans cette chambre où tant d’êtres ont laissé leur trace, où aucun être n’a laissé la sienne.
Cette chambre, on la retrouve à chaque pas. C’est la chambre de tout le monde. On croit qu’elle est fermée, non : elle est ouverte aux quatre vents de l’espace. Elle est perdue au milieu des chambres semblables, comme de la lumière dans le ciel, comme un jour dans les jours, comme moi partout.
Moi, moi ! Je ne vois plus maintenant que la pâleur de ma figure, aux orbites profondes, enterrée dans le soir, et ma bouche pleine d’un silence qui doucement, mais sûrement, m’étouffe et m’anéantit.
Je me soulève sur mon coude comme sur un moignon d’aile. Je voudrais qu’il m’arrivât quelque chose d’infini ! "
― Henri Barbusse , Hell
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" Passando fra gli insorti che si scostavano con religioso rispetto, [papà Mabeuf] continuò dritto verso Enjolras che indietreggiava impietrito, gli strappò la bandiera, e senza che nessuno osasse trattenerlo né aiutarlo, quel vecchio ottuagenario col capo vacillante, ma col piede fermo, salì lentamente la scala di pietre costruita nella barricata. Lo spettacolo era così serio che tutto all'intorno dissero: «Giù il cappello!». A ogni gradino che saliva diventava sempre più terribile: i suoi capelli canuti, il volto decrepito, l'ampia fronte calma e rugosa, gli occhi incavati, la bocca attonita e semiaperta, il vecchio braccio che sosteneva la bandiera rossa, uscivano dall'ombra e ingigantivano nel sanguinoso chiarore della torcia, e sembrava di vedere lo spettro del 1793 sorgere dalla terra inalberando la bandiera del terrore.
Quando fu all'ultimo gradino, quando quel fantasma tremante e terribile, ritto su quel mucchio di rovine dinanzi a milleduecento fucili invisibili, si drizzò in faccia alla morte come se fosse più forte di essa, tutta la barricata assunse nelle tenebre un aspetto colossale e soprannaturale. Vi fu uno di quegli istanti di silenzio che accompagnano i prodigi. In mezzo a quel silenzio il vegliardo sventolò la bandiera rossa e gridò:
«Viva la Rivoluzione! Viva la Repubblica! Fratellanza! Uguaglianza! E morte!». "
― Victor Hugo , Les Misérables
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" Face au questionnement sur l'existence de Dieu, se présentent trois types d'individus honnêtes, le croyant qui dit: «Je ne sais pas mais je crois que oui», l'athée qui dit: «Je ne sais pas mais je crois que non», l'indifférent qui dit : «Je ne sais pas et je m'en moque.»
L'escroquerie commence chez celui qui clame: «Je sais !» Qu'il affirme : «Je sais que Dieu existe» ou «Je sais que Dieu n'existe pas», il outrepasse les pouvoirs de la raison, il vire à l'intégrisme ...
En notre siècle où, comme jadis, on tue au nom de Dieu, il importe de ne pas amalgamer les croyants et les imposteurs : les amis de Dieu restent ceux qui le cherchent, pas ceux qui parlent à Sa place en prétendant L'avoir trouvé. "
― Éric-Emmanuel Schmitt , ليلة النار
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" Toutes les erreurs de la critique commises à mon égard, à mes débuts, furent qu'elle ne vit pas qu'il ne fallait rien définir, rien comprendre, rien limiter, rien préciser, parce que tout ce qui est sincèrement et docilement nouveau - comme le beau d'ailleurs, porte sa signification en soi-même. La désignation par un titre mis à mes dessins est quelquefois de trop, pour ainsi dire. Le titre n'y est justifié que lorsqu'il est vague, indéterminé, et visant même confusément à l'équivoque. Mes dessins inspirent et ne se définissent pas. Ils ne déterminent rien. Ils nous placent, ainsi que la musique, dans le monde ambigu de l'indéterminé. Ils sont une sorte de métaphore. "
― Odilon Redon ,