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Boris Cyrulnik QUOTES

2 " Ces enfants mûrissent trop tôt parce que, ayant été rendus sensibles aux malheurs, c'est ce qu'ils savent 2le mieux voir. Ils sont attirés par les blessés et désirent les aider. Ils comprennent ce more de relation qui les revalorise. Le comportement oblatif qui consiste à donner à ses propres dépens leur permet de gagner un peu d'affection, au risque de rencontrer quelqu'un qui en profitera, car ils sont faciles à exploiter. Ce don de soi n'a pas la grandeur du sacrifice puisqu'ils le font discrètement, parfois même en cachette. L'oblativité prend plutôt l'effet d'un rachat par ceux qui ont commis le crime de survivre quand leurs proches sont morts.
Ces enfants, adultes trop tôt, aiment devenir parents de leurs parents. Ils se sentent un peu mieux en vivant de cette manière qui les prive d'une étape de leur développement mais les revalorise et les socialise. Ne les félicitez pas pour ce comportement, car ils détestent tout ce qu'ils font. Vous risqueriez de saboter ce lien fragile. Vous les trouverez mignon et touchant parce que ce sont des enfants. Mais leur fraîcheur apparente masque leur malaise. Quand on est malheureux, le plaisir nous fait peur. Non seulement, on n'a pas le désir du plaisir, mais on n'a honte à l'idée d'avoir du plaisir. Alors l'enfant trop adulte découvre un compromis: il s'occupera des autres.
Ces enfants qui veulent fuir leur enfance haïssent le passé qui s'impose dans leur mémoire encore fraîche. Ils la combattent grâce à une préparation comportementale au déni, une jovialité excessive, une recherche exaspérée de ce qui peut faire rire, une quête d'engagements superficiels, une hyperactivité incessante qui les pousse vers le présent en fuyant le passé. "

Boris Cyrulnik , Les vilains petits canards

19 " Para ilustrar hasta qué punto habitamos este nuevo mundo, he solido atribuir a Charles Péguy la siguiente fábula.8 Yendo en dirección a Chartres, Péguy ve en un costado de la carretera a un hombre que parte piedras golpeándolas con un mazo. Su rostro expresa desdicha y sus gestos rabia. Péguy se detiene y pregunta: «Señor, ¿qué hace?». «Ya lo ve usted», le responde el hombre, «no he encontrado más que este oficio estúpido y doloroso». Un poco más adelante, Péguy ve a otro hombre que también se dedica a partir piedras, pero su rostro está sereno y sus gestos son armoniosos. «¿Qué hace usted?, señor», le pregunta Péguy. «Pues ya ve, me gano la vida gracias a este cansado oficio, pero cuento con la ventaja de estar al aire libre», le responde el hombre. Algo más lejos, un tercer picapedrero aparece radiante de felicidad. Sonríe al demoler la masa pétrea y mira placenteramente las lascas de piedra. «¿Qué hace usted?», le interroga Péguy. «Yo», responde el hombre, «¡construyo una catedral!». La piedra desprovista de sentido somete al desdichado a lo real, a lo inmediato, que no permite comprender otra cosa más que el peso del mazo y el dolor del golpe. Por el contrario, quien tiene una catedral en la cabeza transfigura la piedra y experimenta la sensación de elevación y de belleza que provoca la imagen de la catedral, de la que ya se siente orgulloso. Sin embargo, se esconde un misterio en el mundo íntimo de los picapedreros: ¿por qué algunos tienen una catedral en la cabeza mientras otros no ven más que piedras? "

Boris Cyrulnik , Talking Of Love On The Edge Of A Precipice