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" L’évocation qui cache évoque ; c’est cela une paroi.
Une autre vie est pressentie ; ou une terreur inimaginable est défiée.
Cauchemars, rêves, fantômes régurgitent une espèce de corps sur la paroi. C’est-à-dire
sur la limite de notre condition. C’est-à-dire sur la frontière séparée, sexuée,
endeuillée. Cauchemars, rêves, fantômes font buter «l’image» contre la paroi
infranchissable – qui ne se franchit que silencieusement, dont on ne revient pas.
*
Bois, cornes, canines, griffes, fourrures, odeurs, sauts, cris stridents,
marmonnements sourds, où êtes vous? "
― Pascal Quignard , Abysses