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" Per i credenti l’ora della morte è l’ora in cui si vede Dio, non più in modo oscuro, come dentro uno specchio, ma faccia a faccia. Perfino i non credenti credono in qualcosa di simile: che nel momento del trapasso si veda scorrere in un lampo la pellicola della propria vita, finalmente intelligibile. Per i vecchi Romand, questa visione, anziché rappresentare il pieno coronamento, aveva segnato il trionfo della menzogna e del male. Avrebbero dovuto vedere Dio e al suo posto avevano visto, sotto le sembianze dell’amato figlio, colui che la Bibbia chiama Satana: l’Avversario. "
― Emmanuel Carrère , L'Avversario
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" A quei tempi non mentivo, ma non confidavo mai le mie vere emozioni, se non al mio cane... Ero sempre sorridente e credo che i miei genitori non abbiano mai sospettato che ero triste...Non avevo nient’altro da nascondere allora, ma nascondevo questo: la mia angoscia, la mia tristezza... Magari sarebbero stati pronti ad ascoltarmi, come Florence del resto, eppure non sono mai riuscito a parlare... E quando rimani incastrato in questo ingranaggio, per non deludere, la prima bugia chiama la seconda, e poi vai avanti tutta la vita...» "
― Emmanuel Carrère , L'Avversario
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" Il regarde les gens autour de lui, écoute leurs conversations, suppute, pour chacun, ses chances d’échapper à sa condition présente. Les clochards, les vrais, c’est râpé. Les employés, les secrétaires, qui viennent à l’heure du déjeuner manger un sandwich sur un banc, ils auront de l’avancement mais n’iront pas bien loin, d’ailleurs ils n’imaginent même pas d’aller bien loin. Les deux jeunes types à têtes d’intellectuels qui discutent et couvrent d’annotations, avec l’air de se prendre très au sérieux, les feuillets dactylographiés de ce qui doit être un scénario : ils doivent y croire, à leurs dialogues à la con, à leurs personnages à la con, et peut-être qu’ils ont raison d’y croire, peut-être qu’ils y arriveront, peut-être qu’ils connaîtront Hollywood, les piscines, les starlettes, et la cérémonie des Oscars. La tribu de Portoricains, en revanche, qui déploie sur la pelouse tout un campement de couvertures, de transistors, de bébés, de thermos... : ceux-là, on peut être sûr qu’ils resteront où ils sont. Encore que... qui sait? Peut-être que leur bébé braillard, à la couche pleine de merde, fera grâce à leurs sacrifices de formidables études et deviendra prix Nobel de médecine ou secrétaire général de l’ONU. Et lui, Édouard, avec son jean blanc et ses idées noires, que va-t-il devenir? "
― Emmanuel Carrère