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" Il piacere di leggere? Che roba è questa, il piacere di leggere?
Domande che infatti presuppongono un gran bell'esame di coscienza!
E per cominciare l'ammissione di una verità che si oppone radicalmente al dogma: la maggior parte delle letture che ci hanno modellati non le abbiamo fatte per, ma contro. Abbiamo letto (e leggiamo) per proteggerci, per rifiutare o per opporci. Se questo ci dà un'aria da fuggiaschi, se la realtà dispera di raggiungerci oltre l'incantesimo - della nostra lettura, siamo però dei fuggiaschi impegnati a costruirci, degli evasi intenti a nascere.
Ogni lettura è un atto di resistenza. Di resistenza a cosa?
A tutte le contingenze. Tutte:
- Sociali. -
- Professionali . -
- Psicologiche.-
- Affettive. -
- Climatiche.-
- Familiari. -
- Domestiche.-
- Gregarie. -
- Patologiche.-
- Pecuniarie. -
- Ideologiche.-
- Culturali. -
- O narcisistiche.-
Una lettura ben fatta salva da tutto, compreso da se stessi.
E, soprattutto, leggiamo contro la morte. "
― Daniel Pennac , Comme un roman
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" Il faudrait inventer un temps particulier pour l'apprentissage. Le "présent d'incarnation", par exemple. Je suis ici, dans cette classe, et je comprends, enfin ! Ça y est ! Mon cerveau diffuse dans mon corps : ça "s'incarne".
Quand ce n'est pas le cas, quand je n'y comprends rien, je me délite sur place, je me désintègre dans ce temps qui ne passe pas, je tombe en poussière et le moindre souffle m'éparpille.
Seulement, pour que la connaissance ait une chance de s'incarner dans le présent d'un cours, il faut cesser d'y brandir le passé comme une honte et l'avenir comme un châtiment. (p. 70) "
― Daniel Pennac , Chagrin d'école
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" En honorant l'école à l'excès, c'est toi [l'élève excellent] que tu flattes en douce, tu te poses plus ou moins consciemment en élève idéal. Ce faisant, tu masques les innombrables paramètres qui nous font tellement inégaux dans l'acquisition du savoir : circonstances, entourage, pathologies, tempérament… Ah ! l'énigme du tempérament !
« Je dois tout à l'école de la République ! »
Serait-ce que tu voudrais faire passer tes aptitudes pour des vertus ? (Les unes et les autres n'étant d'ailleurs pas incompatibles…) Réduire ta réussite à une question de volonté, de ténacité, de sacrifice, c'est ça que tu veux ? Il est vrai que tu fus un élève travailleur et persévérant, et que le mérite t'en revient, mais c'est, aussi, pour avoir joui très tôt de ton aptitude à comprendre, éprouvé dès tes premières conforntations au travail scolaire la joie immense d'avoir compris, et que l'effort portait en lui-même la promesse de cette joie ! À l'heure où je m'asseyais à ma table écrasé par la conviction de mon idiotie, tu t'installais à la tienne vibrant d'impatience, impatience de passer à autre chose aussi, car ce problème de math sur lequel je m'endormais tu l'expédiais, toi, en un tournemain. Nos devoirs, qui étaient les tremplins de ton esprit, étaient les sables mouvants où s'enlisait le mien. Ils te laissaient libre comme l'air, avec la satisfaction du devoir accompli, et moi hébété d'ignorance, maquillant un vague brouillon en copie définitive, à grand renfort de traits soigneusement tirés qui ne trompaient personne. À l'arrivée, tu étais le travailleur, j'étais le paresseux. C'était donc ça, la paresse ? Cet enlisement en soi-même ? Et le travail, qu'était-ce donc ? Comment s'y prenaient-ils, ceux qui travaillaient bien ? Où puisaient-ils cette force ? Ce fut l'énigme de mon enfance. L'effort, où je m'anéantissais, te fut d'entrée de jeu un gage d'épanouissement. Nous ignorions toi et moi qu'« il faut réussir pour comprendre », selon le mot si clair de Piaget, et que nous étions, toi comme moi, la vivante illustration de cet axiome. (p. 271-272) "
― Daniel Pennac , Chagrin d'école