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" Malgré l'immense fractionnement des nationalités et des rivalités politiques, vous retrouverez indéniablement dans la vie quotidienne la civilisation musulmane, d'un bout à l'autre de son espace. Dans une similitude de croyances, des mœurs, des habitudes, des rapports familiaux, des goûts, des loisirs, des jeux, des comportements, de la cuisine elle-même... Transporté d'un coup d'une ville à l'autre de l'Islam méditerranéen, vous serez, Européen, plus frappés par les ressemblances que par les dissemblances. Si vous gagnez le Pakistan et l'Insulinde, les dissemblances s'accentueront et, plus encore, si vous gagnez l'Afrique Noire musulmane. "
― Fernand Braudel , A History of Civilizations
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" Or il suffit à un Français de traverser la Manche, à un Anglais d'aborder le continent, à un Allemand de gagner l'Italie, pour qu'ils se persuadent, sans mal, qu'industrialisation n'est pas uniformisation. Incapable de détruire des particularismes régionaux, comment la technique annihilerait-elle les puissantes personnalités que sont les grandes civilisations, fondées sur des religions, des philosophies, des valeurs humaines et morales foncièrement différentes? "
― Fernand Braudel , A History of Civilizations
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" La traite négrière n'a pas été une invention diabolique de l'Europe. C'est l'Islam qui, en contact très tôt avec l'Afrique Noire par les pays entre Niger et Darfour et par ses places marchandes de l'Afrique orientale, a le premier pratiqué en grand la traite négrière, d'ailleurs pour les raisons mêmes qui y amèneront plus tard l'Europe elle-même: le manque d'hommes, pour des tâches multiples et trop lourdes, vu le moyens du bord. Mais le commerce des hommes a été un fait général et de toutes les humanités primitives. L'Islam, civilisation esclavagiste par excellence, n'a inventé, lui non plus, ni l'esclavage ni le commerce des esclaves. "
― Fernand Braudel , A History of Civilizations
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" Doctrine d'esprits raffinés, le confucianisme est une tentative d'explication du monde, qui vise à éliminer les croyances populaires primitives tout en respectant le sens général de la tradition. D'où un détachement assez hautain et même méprisant vis-à-vis de la religion populaire, et un scepticisme évident. Confucius ne parle jamais des dieux et, tout en respectant les esprits, les ancêtres, il préfère les tenir à distance. [...] Ce ne sont pas les caprices des dieux, ou leurs colères ou leurs bienfaits qui président à la vie du monde, mais le jeu des forces impersonnelles dont l'interaction est responsable de tous les phénomènes et mutations. Aussi bien ne diront-ils pas le dieu d'En Haut, mais le Ciel. "
― Fernand Braudel , A History of Civilizations
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" Dans sa lutte, le christianisme s'est servi de toutes ses armes, de son enseignement, de sa prédication, de sa force temporelle, de son art, de son théâtre religieux, des miracles, du culte populaire des saints, si envahissant parfois que les serviteurs de l'Église eux-mêmes s'en alarment et réagissent. "
― Fernand Braudel , A History of Civilizations