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" What about a teakettle? What if the spout opened and closed when the steam came out, so it would become a mouth, and it could whistle pretty melodies, or do Shakespeare, or just
crack up with me? I could invent a teakettle that reads in Dad’s voice, so I could fall asleep, or maybe a set of kettles that sings the chorus of “Yellow Submarine,” which is a song by the Beatles, who I love, because entomology is one of my raisons d’être, which
is a French expression that I know. Another good thing is that I could train my anus to talk when I farted. If I wanted to be extremely hilarious, I’d train it to say, “Wasn’t me!” every time I made an incredibly bad fart. And if I ever made an incredibly bad fart in the Hall of Mirrors, which is in Versailles, which is outside of Paris, which is in France, obviously, my anus would say, “Ce n’étais pas moi!”
What about little microphones? What if everyone swallowed them, and they played the sounds of our hearts through little speakers, which could be in the pouches of our overalls? When you skateboard down the street at night you could hear everyone's heartbeat, and they could hear yours, sort of like sonar. One weird thing is, I wonder if everyone's hearts would start to beat at the same time, like how women who live together have their menstrual periods at the same time, which I know about, but don't really want to know about. That would be so weird, except that the place in the hospital where babies are born would sound like a crystal chandelier in a houseboat, because the babies wouldn't have had time to match up their heartbeats yet. And at the finish line at the end of the New York City Marathon it would sound like war. "
― Jonathan Safran Foer
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" Mais, j’aurai beau supplier, j’aurai beau me révolter, il n’y aura plus rien pour moi ; je ne serai, désormais, ni heureux, ni malheureux. Je ne peux pas ressusciter. Je vieillirai aussi tranquille que je le suis aujourd’hui dans cette chambre où tant d’êtres ont laissé leur trace, où aucun être n’a laissé la sienne.
Cette chambre, on la retrouve à chaque pas. C’est la chambre de tout le monde. On croit qu’elle est fermée, non : elle est ouverte aux quatre vents de l’espace. Elle est perdue au milieu des chambres semblables, comme de la lumière dans le ciel, comme un jour dans les jours, comme moi partout.
Moi, moi ! Je ne vois plus maintenant que la pâleur de ma figure, aux orbites profondes, enterrée dans le soir, et ma bouche pleine d’un silence qui doucement, mais sûrement, m’étouffe et m’anéantit.
Je me soulève sur mon coude comme sur un moignon d’aile. Je voudrais qu’il m’arrivât quelque chose d’infini ! "
― Henri Barbusse , Hell
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" victor hugo, Les Contemplations, Mors
Je vis cette faucheuse. Elle était dans son champ.
Elle allait à grands pas moissonnant et fauchant,
Noir squelette laissant passer le crépuscule.
Dans l'ombre où l'on dirait que tout tremble et recule,
L'homme suivait des yeux les lueurs de la faulx.
Et les triomphateurs sous les arcs triomphaux
Tombaient ; elle changeait en désert Babylone,
Le trône en échafaud et l'échafaud en trône,
Les roses en fumier, les enfants en oiseaux,
L'or en cendre, et les yeux des mères en ruisseaux.
Et les femmes criaient : - Rends-nous ce petit être.
Pour le faire mourir, pourquoi l'avoir fait naître ? -
Ce n'était qu'un sanglot sur terre, en haut, en bas ;
Des mains aux doigts osseux sortaient des noirs grabats ;
Un vent froid bruissait dans les linceuls sans nombre ;
Les peuples éperdus semblaient sous la faulx sombre
Un troupeau frissonnant qui dans l'ombre s'enfuit ;
Tout était sous ses pieds deuil, épouvante et nuit.
Derrière elle, le front baigné de douces flammes,
Un ange souriant portait la gerbe d'âmes. "
― Victor Hugo
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" Plût au ciel que le lecteur, enhardi et devenu momentanément féroce comme ce qu’il lit, trouve, sans se désorienter, son chemin abrupt et sauvage, à travers les marécages désolés de ces pages sombres et pleines de poison ; car, à moins qu'il n’apporte dans sa lecture une logique rigoureuse et une tension d’esprit égale au moins à sa défiance, les émanations mortelles de ce livre imbiberont son âme comme l’eau le sucre. Il n’est pas bon que tout le monde lise les pages qui vont suivre ; quelques-uns seuls savoureront ce fruit amer sans danger. Par conséquent, âme timide, avant de pénétrer plus loin dans de pareilles landes inexplorées, dirige tes talons en arrière et non en avant. Écoute bien ce que je te dis : dirige tes talons en arrière et non en avant. "
― Comte de Lautréamont , Les Chants de Maldoror