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" […] Les interdits dans notre religion – c'est pourquoi elle est extrêmement souple et simple – ne sont pas épais comme le Larousse. Ils portent uniquement sur les critères de bonnes mœurs. Par exemple, durant le ramadan, personne ne peut savoir si vous jeûnez ou pas, vous pouvez parfaitement manger chez vous ; en revanche, un musulman qui déjeune dans un restaurant porte atteinte à l'ordre public. Dans certains pays, on était arrivé à une véritable provocation, comme en Tunisie. Bourguiba, qui n'était pourtant pas un anarchiste, dans un attachement excessif à la laïcité que je ne m'explique pas, a demandé aux gens de ne plus faire le ramadan. C'était incroyable. Il invitait, durant cette période, des gens à déjeuner chez lui, ou encore il forçait ses soldats à aller prendre des verres de jus d'orange à midi. Voilà des atteintes à l'ordre public et aux bonnes mœurs. "
― Hassan II , ذاكرة ملك
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" Q : Mais comment réagissez-vous face à l'irruption de la vie moderne et à certaines de ses conséquences ?
R : D'abord par le silence, tant qu'elle ne constitue pas une menace. Par contre, si un modernisme incompatible avec notre religion ou de nature à disloquer notre identité et notre société s'introduisait chez nous, je serais dans l'obligation d'abord de crier "attention", pis de mettre le feu orange ; enfin, si ça ne suffisait pas, de passer au feu rouge.
Q : Je vous posais cette question parce qu'en 1960, le parti communiste a été interdit et le jugement de la cour d'appel faisait état d'un discour prononcé par votre père, dans lequel il condamnait toute idéologie matérialiste
R : Ce fut un jugement merveilleusement rendu. Les magisrats n'ont pas jug au fond. L'affaire a été abordée sous l'angle religieux. Le parti communiste étant athée ne pouvait avoir droit de cité dans un pays dont la religion est l'islam. Du reste, les communistes ont changés leur nom et ils ont été de nouveau autorisés.
Q : Mais ils ne pouvaient pas tout de même changer leur doctrine ?
R : Si. Je dois vous dire que tout ça s'est réglé sur la route allant d'Ifrane à Fès. Je conduisais ma DS et j'avais à mes côtés le docteur Messouak, mon médecin ORL qui était aussi l'adjoint d'Ali Yata, le secrétaire général du parti communiste. Ensemble, en discutant, nous avons trouvé le nouveau nom de son parti, PPS, Parti du Progrès et du socialisme [...]
p96-97 "
― Hassan II , ذاكرة ملك
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" [...] Dans cette affaire, si j'avais agi par calcul, j'aurais laissé faire les choses, sans prendre parti. Mais j'avoue, et je l'affirme très sérieusement, que j'ai fait le lit du FLN, depuis Ben Bella jusqu'aux dernières années du président Chadli. Je ne peux pas tout révéler ; mais si à la parution de votre livre [celui là] il y avait la moindre suspicion à l'égard de ce que je viens de déclarer, à ce moment-là, j'ouvrirai toutes grandes les vannes pour expliquer comment, pourquoi et avec qui j'ai fait le lit du FLN. Pour l'instant il vaut mieux s'arrêter là.
Q. - Alors, allons plus loin ?
R. - Non, plus tard, si on n'est pas connect."
p 84 "
― Hassan II , ذاكرة ملك