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" [...] Thus the sedentary peoples create the plastic arts (architecture, sculpture, painting), the arts consisting of forms developed in space; the nomads create the phonetic arts (music, poetry), the arts consisting of forms unfolded in time; for, let us say it again, all art is in its origin essentially symbolical and ritual, and only through a late degeneration, indeed a very recent degeneration, has it lost its sacred character so as to become at last the purely profane 'recreation' to which it has been reduced among our contemporaries. "
― René Guénon , The Reign of Quantity and the Signs of the Times
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" The founding of a science more or less on the notion of repetition brings in its train yet another delusion of a quantitative kind, the delusion that consists in thinking that the accumulation of a large number of facts can be of use by itself as ‘proof' of a theory; nevertheless, even a little reflection will make it evident that facts of the same kind are always indefinite in multitude, so that they can never all be taken into account, quite apart from the consideration that the same facts usually fit several different theories equally well. It will be said that the establishment of a greater number of facts does at least give more ‘probability' to a theory; but to say so is to admit that no certitude can be arrived at in that way, and that therefore the conclusions promulgated have nothing ‘exact' about them; it is also an admission of the wholly ‘empirical' character of modern science, although, by a strange irony, its partisans are pleased to accuse of ‘empiricism' the knowledge of the ancients, whereas exactly the opposite is the truth: for this ancient knowledge, of the true nature of which they have no idea whatever, started from principles and not from experimental observations, so that it can truly be said that profane science is built up exactly the opposite way round to traditional science. "
― René Guénon , The Reign of Quantity and the Signs of the Times
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" for everything that has any
kind of existence, even error, has necessarily its reason for existence,
and disorder itself must in the end find its place among the elements
of universal order. Thus, whereas the modern world considered in
itself is an anomaly and even a sort of monstrosity, it is no less true
that, when viewed in relation to the whole historical cycle of which
it is a part, it corresponds exactly to the conditions pertaining to a
certain phase of that cycle, the phase that the Hindu tradition speci-
fies as the final period of the Kali-Yuga. It is these conditions, arising "
― René Guénon , The Reign of Quantity and the Signs of the Times
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" If our
contemporaries as a whole could see what it is that is guiding them
and where they are really going, the modern world would at once
cease to exist as such, for the ‘rectification’ that has often been
alluded to in the author’s other works could not fail to come about
through that very circumstance; on the other hand, since this ‘recti-
fication’ presupposes arrival at the point at which the ‘descent’ is
completely accomplished, where ‘the wheel stops turning’ — at least
for the instant marking the passage from one cycle to another — it is
necessary to conclude that, until this point is actually attained, it is
impossible that these things should be understood by men in gen-
eral, but only by the small number of those who are destined to pre-
pare, in one way or in another, the germs of the future cycle. It is
scarcely necessary to say that everything that the author has set out
in this book and elsewhere is intended to be addressed exclusively to
these few, without any concern for the inevitable incomprehension
of the others; it is true that these others are, and still must be for a
certain time to come, an immense majority, but then it is precisely
in the ‘reign of quantity’, and only then, that the opinion of the
majority can claim to be taken into consideration at all. "
― René Guénon , The Reign of Quantity and the Signs of the Times
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" il y a, dans le monde moderne lui-même, un secret qui est mieux gardé que tout autre : c’est celui de la formidable entreprise de suggestion qui a produit et qui entretient la mentalité actuelle, et qui l’a constituée et, pourrait-on dire, « fabriquée » de telle façon qu’elle ne peut qu’en nier l’existence et même la possibilité, ce qui, assurément, est bien le meilleur moyen, et un moyen d’une habileté vraiment « diabolique », pour que ce secret ne puisse jamais être découvert. "
― René Guénon , The Reign of Quantity and the Signs of the Times
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" C’est pour créer cette illusion qu’on a inventé le « suffrage universel » : c’est l’opinion de la majorité qui est supposée faire la loi ; mais ce dont on ne s’aperçoit pas, c’est que l’opinion est quelque chose que l’on peut très facilement diriger et modifier ; on peut toujours, à l’aide de suggestions appropriées, y provoquer des courants allant dans tel ou tel sens déterminé ; nous ne savons plus qui a parlé de « fabriquer l’opinion », et cette expression est tout à fait juste, bien qu’il faille dire, d’ailleurs, que ce ne sont pas toujours les dirigeants apparents qui ont en réalité à leur disposition les moyens nécessaires pour obtenir ce résultat. Cette dernière remarque donne sans doute la raison pour laquelle l’incompétence des politiciens les plus « en vue » semble n’avoir qu’une importance très relative ; mais, comme il ne s’agit pas ici de démonter les rouages de ce qu’on pourrait appeler la « machine à gouverner », nous nous bornerons à signaler que cette incompétence même offre l’avantage d’entretenir l’illusion dont nous venons de parler : c’est seulement dans ces conditions, en effet, que les politiciens en question peuvent apparaître comme l’émanation de la majorité, étant ainsi à son image, car la majorité, sur n’importe quel sujet qu’elle soit appelée à donner son avis, est toujours constituée par les incompétents, dont le nombre est incomparablement plus grand que celui des hommes qui sont capables de se prononcer en parfaite connaissance de cause. "
― René Guénon , The Reign of Quantity and the Signs of the Times
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" L’idée de fonder en quelque sorte une science sur la répétition trahit encore une autre illusion d’ordre quantitatif, celle qui consiste à croire que la seule accumulation d’un grand nombre de faits peut servir de « preuve » à une théorie ; il est pourtant évident, pour peu qu’on y réfléchisse, que les faits d’un même genre sont toujours en multitude indéfinie, de sorte qu’on ne peut jamais les constater tous, sans compter que les mêmes faits s’accordent généralement tout aussi bien avec plusieurs théories différentes. On dira que la constatation d’un plus grand nombre de faits donne tout au moins plus de « probabilité » à la théorie ; mais c’est là reconnaître qu’on ne peut jamais arriver de cette façon à une certitude quelconque, donc que les conclusions qu’on énonce n’ont jamais rien d’« exact » ; et c’est aussi avouer le caractère tout « empirique » de la science moderne, dont les partisans, par une étrange ironie, se plaisent pourtant à taxer d’« empirisme » les connaissances des anciens alors que c’est précisément tout le contraire qui est vrai car ces connaissances, dont ils ignorent totalement la véritable nature, partaient des principes et non point des constatations expérimentales, si bien qu’on pourrait dire que la science profane est construite exactement au rebours de la science traditionnelle. Encore, si insuffisant que soit l’« empirisme » en lui-même, celui de cette science moderne est-il bien loin d’être intégral, puisqu’elle néglige ou écarte une partie considérable des données de l’expérience, toutes celles en somme qui présentent un caractère proprement qualitatif ; l’expérience sensible, pas plus que tout autre genre d’expérience, ne peut jamais porter sur la quantité pure, et plus on s’approche de celle-ci, plus on s’éloigne par là même de la réalité qu’on prétend constater et expliquer ; "
― René Guénon , The Reign of Quantity and the Signs of the Times
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" Il importe d’insister sur ce point car beaucoup, se laissant tromper par les apparences, s’imaginent qu’il y a dans le monde comme deux principes opposés se disputant la suprématie, conception erronée qui est, au fond, la même chose que celle qui, en langage théologique, met Satan au même niveau que Dieu, et que, à tort ou à raison, on attribue communément aux Manichéens; il y a certes actuellement bien des gens qui sont, en ce sens, « manichéens » sans s’en douter, et c’est là encore l’effet d’une « suggestion » des plus pernicieuses. "
― René Guénon , The Reign of Quantity and the Signs of the Times
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" [...] On peut donner ici comme exemple le mouvement des corps célestes, qui n’est pas rigoureusement circulaire, mais elliptique ; l’ellipse constitue comme une première « spécification » du cercle, par dédoublement du centre en deux pôles ou « foyers », suivant un certain diamètre qui joue dès lors un rôle « axial » particulier, en même temps que tous les autres diamètres se différencient entre eux quant à leur longueur. Nous ajouterons incidemment à ce propos que, les planètes décrivant des ellipses dont le soleil occupe un des foyers, on pourrait se demander à quoi correspond l’autre foyer ; comme il ne s’y trouve effectivement rien de corporel, il doit y avoir là quelque chose qui ne peut se référer qu’à l’ordre subtil ; mais ce n’est pas ici le lieu d’examiner davantage cette question, qui serait tout à fait en dehors de notre sujet. "
― René Guénon , The Reign of Quantity and the Signs of the Times