Home > Work > Se défendre, une philosophie de la violence
1 " Passer à la violence' - celle de l'action directe et de la revendication sans compromission - est ainsi inextricablement lié au constat que la revendication d'une égalité civile et civique ne peut être adressée pacifiquement à l'Etat puisque ce dernier est le principal instigateur des inégalités, qu'il est vain de lui demander justice car il est précisément l'instance première qui institutionnalise l'injustice sociale, qu'il est donc illusoire de se mettre sous sa protection puisqu'il produit ou soutient les mêmes dispositifs qui vulnérabilisent, qu'il est même insensé de s'en remettre à lui pour nous défendre puisqu'il est précisément celui qui arme ceux qui nous frappent. "
― , Se défendre, une philosophie de la violence
2 " Cette [menace terroriste] ultime, qui traduit un attisement généralisé de la peur érigée en virtù, est désormais sous contrôle via la production de politiques qui insécurisent en permanence la société civile, et partant les individus, plutôt qu'elles ne les protègent ou les défendent. Ces politiques sont très économiques à plus d'un titre, notamment parce-qu'elles transfèrent à ces mêmes individus la responsabilité de se défendre et donc d'incorporer les usages de la violence, de devenir des corps défensifs permettant utilement de les transformer en unités martiales et létales atomisées, assignées à la surveillance et au contrôle d'un ennemi sans visage, et acceptant d'être gouvernés par la peur au nom de leur sécurité. "
3 " La non-violence doit être comprise et circonscrite à un principe éthico-politique interne aux groupes mobilisés ; elle est donc une modalité de subjectivation politique qui n’a de sens que pour prendre soin d’un nous en devenir, et non une praxis de résistance et de combat.[...] L’autodéfense se comprend donc comme une contre-offensive et crée une autre sémiologie du corps militant qui ne joue pas sur l’exemplarité de son martyre mais sur le caractère à la fois inexorable et inéluctable de sa vengeance ; qui ne s’inscrit pas dans une métaphysique des fins mais dans l’immédiateté d’une frappe. "