143
" J'ai appris des autochtones américains que nous prouvons seulement notre appartenance à l'endroit où nous vivons sur terre en utilisant notre maison avec soin, sans la détruire. J'ai appris qu'on ne peut pas se sentir chez soi dans son corps, qui est la maison la plus authentique de chacun, quand on souhaite être ailleurs, et qu'il faut trouver par soi-même le lieu où l'on est déjà dans le monde naturel environnant. J'ai appris que dans mon travail de poète et de romancier il n'existe pas pour moi de chemin tracé à l'avance, et que j'écris le mieux en puisant dans mon expérience d'adolescent imitant les autochtones et partant vers une contrée où il n'y a pas de chemin. J'ai appris que je ne peux pas croire vraiment à une religion en niant la science pure ou les conclusions de mes propres observations du monde naturel. J'ai appris que regarder un pluvier des hautes terres ou une grue des ables est plus intéresant que de lire la meilleure critique à laquelle j'ai jamais eu droit. J'ai appris que je peux seulement conserver mon sens du caractère sacré de l'existence en reconnaissant mes propres limites et en renonçant à toute vanité. J'ai appris qu'on ne peut pas comprendre une autre culture tant qu'on tient à défendre la sienne coûte que coûte. Comme disaient les Sioux, "courage, seule la Terre est éternelle". Peu parmi les cent millions d'autres espèces sont douées de parole, si bien que nous devons parler et agir pour les défendre. Que nous ayons trahi nos autochtones devrait nous pousser de l'avant, tant pour eux que pour la terre que nous partageons. Si nous ne parvenons pas à comprendre que la réalité de la vie est un agrégat des perceptions et de la nature de toutes les espèces, nous sommes condamnés, ainsi que la terre que déjà nous assassinons. "
― Jim Harrison , Off to the Side: A Memoir
151
" When I was a stray dog in New York City in 1957, trying to eat on a buck a day while walking thousands of blocks in that human forest I thought was enchanted, not wanting to miss anything but missing everything because at nineteen dreams daily burst the brain, dismay the senses, the interior weeping drowning your steps, your mind an underground river running counter to your tentative life. “Our body is a molded river,” said wise Novalis. Bloody brain and heart, also mind and soul finally becoming a single river, flowing in a great circle, flowing from darkness to blessed darkness, still wondering above all else what kind of beast am I? "
― Jim Harrison , The Shape of the Journey: New & Collected Poems
160
" Nowhere is it the same place as yesterday.
None of us is the same person as yesterday.
We finally die from the exhaustion of becoming.
This downward cellular jubilance is shared
by the wind, bugs, birds, bears and rivers,
and perhaps the black holes in galactic space
where our souls will all be gathered in an invisible
thimble of antimatter. But we're getting ahead of ourselves.
Yes, trees wear out as the wattles under my chin
grow, the wrinkled hands that tried to strangle
a wife beater in New York City in 1957.
We whirl with the earth, catching our breath
as someone else, our soft brains ill-trained
except to watch ourselves disappear into the distance.
Still, we love to make music of this puzzle. "
― Jim Harrison , Saving Daylight