Home > Work > Ferdinand, the Man with the Kind Heart
1 " Les autres gens ont au moins un peu d'ambition ou une petite étincelle d'illusion pour se réchauffer les mains. Moi je n'ai rien. Je voudrais me balader dans le vaste monde. Toujours plus loin. Un beau jour je tomberais peut-être sur un patelin ou sur un être et je pourrais dire: ça y est, je reste ici, je suis chez moi. "
― Irmgard Keun , Ferdinand, the Man with the Kind Heart
2 " C'est beau de pouvoir aimer. C'est une grâce. Si jamais un être pouvait, une fois encore, m'inspirer un grand amour, j'espère que je serais capable d'éprouver, moi, de la reconnaissance à son égard, qu'il réponde ou non à cet amour. "
3 " Les dictateurs se ressemblent comme les ivrognes, et pourtant il n'y en a pas deux qui soient pareils, tout comme les ivrognes. Ce qu'ils ont en commun, c'est le besoin de se soûler. Les dictateurs cherchent l'ivresse du pouvoir, les ivrognes l'ivresse de l'alcool. Pour un abstinent, tous les intoxiqués se ressemblent désespérément. Ou bien il les fuit, ou bien il s'incline devant l'espèce de cataclysme qu'ils représentent. Au fond, beaucoup de gens soupirent après un cataclysme fait homme. Pensez donc, toujours adorer l'invisible, l'inaccessible… ça les arrangerait tellement que Dieu devienne un ventre et qu'il se promène sur la terre. "
4 " La guerre était terminée et Frau Emmi Klatte faisait de la récupération. Il ne tombait plus de bombes et les tirs d'artillerie avaient cessé également. La grande ville paraissait morte et détruite, mais il y avait des restes. Au milieu des ruines se dressaient les fantômes insolites de quelques maisons désertes restées debout. Tout appartenait à tout le monde. Mon myosotis de belle-mère rôdait comme une possédée dans ce désert, et rafla entre autres une machine à coudre, quelques machines à écrire, quatre tapis, dix-sept coquetiers, un cadre doré, une porte en fer forgé, un poulailler et un tableau monumental. La toile représentait un nu d'un rose vaporeux, une femme à demi allongée sur le ventre, balançant au bout d'un index également rose un magnifique papillon bleu. Rêveuse et l'air absent, comme il se doit. "
5 " Je n'ai jamais compris pourquoi certains de mes camarades de guerre en voulaient tellement aux femmes et aux jeunes filles qui regardaient du côté des soldats alliés. Mon Dieu, n'avait-on pas ressassé des années durant à ces pauvres créatures que le héros en uniforme, le beau mâle vainqueur devait être l'idéal suprême de la femme. On leur avait appris: tout ce qui est allemand est vainqueur - et tout ce qui est vainqueur est allemand. "