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" I spend the next few days watching Maï die. I can't stand that voice, that protest. Katzenelenbogen shows up and explains in that rational, no-nonsense, doctoral tone that no one has the right to make such a fuss over a cat, while the whole world. . . . . I kick them out, both him and the world.
Maï is no longer a cat. She is a human being in agony. Every living thing that suffers is a human being.
She is cuddled in my arms, a small ball of lackluster fur, which gives her a horrible stuffed air already smacking of taxidermists. Every now and then she raises her head, looks at me inquiringly and miaows a question I understand, but am unable to answer. Our vocal cords are totally inadequate there.
What goings-on about a mere cat, huh? I hate your guts, you antisentimental, antiemotional, hardheaded rationalists. You are the ones who have raised the going rate of sensitivity. You have put all your emphasis on ideas, and ideas without "emotions" and without "sentimentalism," that's the world you have built, your work.
All the pseudo-people who have the Nazi arrogance to be reading this book make my hands ache for a grenade. "
― Romain Gary , White Dog
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" J'appelle "société de provocation" toute société d'abondance et en expansion économique qui se livre à l'exhibitionnisme constant de ses richesses et pousse à la consommation et à la possession par la publicité, les vitrines de luxe, les étalages alléchants, tout en laissant en marge une fraction importante de la population qu'elle provoque à l'assouvissement de ses besoins réels ou artificiellement créés, en même temps qu'elle lui refuse les moyens de satisfaire cet appétit. Comment peut-on s'étonner, lorsqu'un jeune Noir du ghetto, cerné de Cadillac et de magasins de luxe, bombardé à la radio et à la télévision par une publicité frénétique qui le conditionne à sentir qu'il ne peut pas se passer de ce qu'elle lui propose, depuis le dernier modèle annuel "obligatoire" sorti par la General Motors ou Westinghouse, les vêtements, les appareils de bonheur visuels et auditifs, ainsi que les cent mille autres réincarnations saisonnières de gadgets dont vous ne pouvez vous passer à moins d'être un plouc, comment s'étonner, dites-le-moi, si ce jeune finit par se ruer à la première occasion sur les étalages béants derrière les vitrines brisées ? Sur un plan plus général, la débauche de prospérité de l'Amérique blanche finit par agir sur les masses sous-développées mais informées du tiers monde comme cette vitrine d'un magasin de luxe de la Cinquième Avenue sur un jeune chômeur de Harlem.
J'appelle donc "société de provocation" une société qui laisse une marge entre les richesses dont elle dispose et qu'elle exalte par le strip-tease publicitaire, par l'exhibitionnisme du train de vie, par la sommation à acheter et la psychose de la possession, et les moyens qu'elle donne aux masses intérieures ou extérieures de satisfaire non seulement les besoins artificiellement créés, mais encore et surtout les besoins les plus élémentaires. "
― Romain Gary , White Dog
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" ...all intolerable local situations have become world situations, with the result that the whole world has become a local situation, here, under your nose, staring at you, and when your sensitivity is still alive and not dulled, that is, when you are young, if all you can do is stare back at it helplessly, you run amok, you blow up, you smash whatever is at hand, you express yourself, you seek a release. "
― Romain Gary , White Dog