2
" Il travaillait en silence, enfermé chez lui, invisible et plein de mépris pour les petits écrivains dont le talent n'était qu'une parure de société et qui, riches ou pauvres, circulaient, sauvages et débraillés, ou bien exhibaient des cravates recherchées, croyaient être heureux, charmants et artistiques au plus haut point, et ignoraient que les œuvres bonnes ne naissent que sous la pression d'une vie mauvaise, que celui qui vit ne travaille pas, et qu'il faut être mort pour être tout à fait créateur. "
― Thomas Mann , Tonio Kröger
3
" On travaille mal au printemps, bien sûr, et pourquoi ? parce que l'on sent. Et parce qu'il faut être un imbécile pour croire que celui qui crée a le droit de sentir. Tout artiste véritable sourit de cette erreur de naïf et d'incapable; il sourit mélancoliquement peut-être, mais il sourit. Car ce que vous exprimez ne doit jamais être pour vous l'essentiel, mais seulement la matière indifférente en soi, dont il s'agit de composer, sans passion, en la dominant et comme en se jouant, une image esthétique. Si vous tenez trop à ce que vous avez à dire, si votre cœur bat trop vite pour votre sujet, vous pourrez être sûr d'un fiasco complet. Vous serez pathétique, vous serez sentimental, vous produirez une œuvre lourde, gauche, austère, dénuée de maîtrise, d'ironie et de sel, ennuyeuse, et le résultat final sera l'indifférence chez le public, et pour vous la déception et le chagrin. "
― Thomas Mann , Tonio Kröger
11
" He undressed, lay down, put out the light. Two names he whispered into his pillow, the few chaste northern syllables that meant for him his true and native way of love, of longing and happiness; that meant to him life and home, meant simple and heartfelt feeling. He looked back on the years that had passed. He thought of the dreamy adventures of the senses, nerves, and mind in which he had been involved; saw himself eaten up with intellect and introspection, ravaged and paralysed by insight, half worn out by the fevers and frosts of creation, helpless and in anguish of conscience between two extremes, flung to and fro between austerity and lust; raffiné, impoverished, exhausted by frigid and artificially heightened ecstasies; erring, forsaken, martyred, and ill -- and sobbed with nostalgia and remorse. "
― Thomas Mann , Tonio Kröger
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" Ako vam je suviše stalo do onoga što imate kazati, ako vam je ono suviše priraslo srcu, možete biti sigurni, da ćete doživeti potpuni neuspeh. Postat ćete patetični, postati ćete sentimentalni, pod vašim rukama nastaće nešto nezgrapno, nespretno, neozbiljno, neobuzdano, bez ironije, neslano, dosadno, banalno a kraj priče biće: samo ravnodušnost u ljudi, samo razočaranje i jad u vama.
Jer tako vam je to , Lizaveto: Osećaj, topli, srdačni osećaj uvek je banalan i neupotrebljiv a umetnička je samo razdraženost i hladna ekstaza našeg pokvarenog, našeg artističkog živčanog sistema "
― Thomas Mann , Tonio Kröger
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" Non lavorava come chi lavora per vivere, ma come qualcuno che non abbia altro scopo che lavorare, giudicandosi zero come uomo vivente e desiderando essere considerato solo in quanto artefice, che per il resto se ne va in giro modesto e insignificante, come un attore senza trucco, che non è nulla finchè non ha nulla da interpretare. Lavorava silenzioso, appartato, invisibile e pieno di disprezzo per quei mediocri che consideravano il genio un ornamento mondano e, poveri o ricchi che fossero, andavano in giro arruffati e cenciosi, o ricercavano il lusso con eccentriche cravatte, e insomma erano convinti di menare una vita insuperabilmente felice, affascinante e artistica; senza sapere che le opere di valore nascono solo sotto il premere di una vita cattiva, che colui che vive non lavora e che, per essere perfetti creatori, bisogna essere morti. "
― Thomas Mann , Tonio Kröger