3
" « Instruisez-vous, ajoute l'apôtre, et exhortez-vous les uns les autres par des psaumes, des hymnes et des cantiques spirituels, chantant de cœur, avec édification, les louanges de Dieu. Quelque chose que vous fassiez, soit en parlant ou en agissant, faites tout au nom du Seigneur Jésus-Christ, rendant grâces par lui à Dieu le père. »
Tels doivent être nos festins, pleins de grâces et d'une joie sainte. Si vous savez jouer du luth ou de la harpe, vous le pourrez faire sans mériter de reproche; car vous imiterez ainsi ce saint roi des Hébreux, si agréable et si cher à Dieu. "
― Clement of Alexandria , Le Pédagogue, Tome 1
5
" Embrassons donc de plus en plus cette obéissance salutaire; livrons-nous tout entiers au Seigneur; attachons-nous fortement aux cordages du vaisseau de la foi, et soyons bien persuadés que les vertus qu'elle nous ordonne de suivre sont l'égal apanage de l'homme et de la femme. S'ils ont, en effet, un seul et même Dieu, ils ont aussi un seul et même Pédagogue, une seule et même Église. La modération, la tempérance, la pudeur sont des vertus communes aux deux sexes. Ils se nourrissent des mêmes aliments, ils s'unissent par le mariage ; la respiration, la vue, l'ouïe, l'intelligence, l'espérance, la disposition à écouter les commandements de Dieu, la charité, tout leur est commun.
Si l'homme et la femme ont le même genre de vie, ils ont également part aux mêmes grâces et au même salut. Ils sont aimés de Dieu avec le même amour, instruits avec les même soins "
― Clement of Alexandria , Le Pédagogue, Tome 1
6
" Plus tard, la sainte vigne produisit la grappe prophétique, c'est-à-dire la Verbe, dont le sang mêlé avec l'eau, suivant sa volonté, est le signe de ceux qui de l'erreur sont entrés dans le repos. Le sang entre en mélange avec le salut. Le sang du Seigneur est, de deux natures, l'un charnel qui nous rachète de la mort, l'autre spirituel, qui nous purifie. Boire le sang de Jésus, c'est participer à l'incorruptibilité du Seigneur. L'esprit est la force du Verbe, comme le sang est la force de la chair. Comme le vin se mêle à l'eau, l'esprit est mêlé avec l'homme. Ce mélange de l'un et de l'autre, je veux dire du Verbe et de la boisson, s'appelle Eucharistie, qui signifie de grâces; et ce sacrement sanctifie l'âme et le corps 95 de ceux qui y participent avec foi, lorsque la Volonté divine a mystiquement mélangé, par l'Esprit et le Verbe, ce divin breuvage qui représente l'homme. L'esprit, en effet, s'y mêle à l'âme, et le Verbe à la chair. "
― Clement of Alexandria , Le Pédagogue, Tome 1
10
" C'est-à-dire que vous ne soupçonniez pas qu'il y eût d'autre nourriture que le lait qui est cependant une nourriture aussi substantielle que les autres. Car le Verbe est tour à tour doux et fluide comme le lait, tour à tour 33 compacte et resserré comme les autres aliments. En y réfléchissant bien, nous comparerons le lait à la prédication de la parole divine qui coule et se répand de tous côtés, et la nourriture solide à la foi qui, aidée de l'instruction, devient le fondement inébranlable de toutes nos actions. Par cette nourriture, notre âme se change pour ainsi dire en un corps ferme et solide. Telle est la nourriture dont le Seigneur nous parle dans l'évangile selon saint Jean, lorsqu'il nous dit :
« Mangez ma chair et buvez mon sang. »
Cette nourriture est l'image évidente de la foi et de la promesse. Par ce breuvage et cet aliment, l'Église, semblable à un homme formé de plusieurs membres, est arrosée et solidifiée. Elle nourrit son corps et son âme : son corps, de foi; son âme, d'espérance. Elle devient comme le Seigneur, qui est un composé de chair et de sang. L'espérance est le sang de la foi, c'est elle qui l'anime et la fait vivre dans notre âme. Détruisez l'espérance, la vie de la foi s'éteint comme celle d'un homme qui perd son sang. "
― Clement of Alexandria , Le Pédagogue, Tome 1
12
" Si quelques personnes veulent s'opiniâtrer à dire que l'apôtre, sous le symbole du lait, a entendu parler des premières instructions qui sont comme la première nourriture de l'âme, et que par les aliments plus solides il a entendu les connaissances spirituelles qui leur servent de degré pour arriver à une plus haute science, qu'ils sachent, lorsqu'ils disent que la chair et le sang de Jésus-Christ sont une nourriture solide, que cette science, dont ils sont si vains, les abuse. Le sang est, en effet, la première chose qui se fasse dans la formation du corps de l'homme. C'est même pour cela que quelques philosophes n'ont pas craint de le regarder comme l'essence de l'âme. Le sang, après que la femme a conçu, change de nature comme par une espèce de coction. Il s'épaissit, il se décolore, il perd de la vie. L'amour maternel croît en même temps pour assurer l'existence de l'en- 34 fant. Le sang est plus fluide que la chair ; car il est comme une espèce de chair liquide, et le lait est la partie la plus douce et la plus subtile du sang. Cependant il n'est que du sang qui change de forme et monte vers les mamelles qui commencent alors à se gonfler, par l'ordre de Dieu, auteur de la génération et qui nourrit tout : là, changeant de nature, à l'aide d'une douce chaleur, il s'élabore en une nourriture très agréable à l'enfant. Le lait provient donc du sang. Partant des veines nombreuses qui traversent en tous sens les mamelles, le sang se réfugie dans les réservoir naturels où se forme le lait. Ce sang, agité par les esprits vitaux, blanchit comme blanchissent les vagues de ja mer lorsque bouleversées par le souffle impétueux des vents, elles vomissent leur écume sur le rivage. Cependant la substance du sang ne change pas, pour nous servir de l'expression des poètes. "
― Clement of Alexandria , Le Pédagogue, Tome 1
13
" Ce sujet que je traite est tout plein de mysticité ; car lorsque le Créateur tout-puissant de la nature commença à donner sa loi, et qu'il voulut manifester sa puissance à Moïse, il lui apparut en forme de lumière dans un buisson ardent, qui brûlait sans se consumer. De même lorsque le Verbe eut établit sa loi et cessé de converser avec les hommes, il remonta au ciel, d'où il était descendu, avec une mystique couronne d'épines sur la tête, unissant ainsi les deux époques de la promulgation de sa loi, afin de prouver que c'est un seul et même Dieu, le père et le fils, principe et fin du siècle, qui les a données. "
― Clement of Alexandria , Le Pédagogue, Tome 1
16
" Mais la chair et le sang qui est en elle sont arrosés de lait, en retour de ce qu'ils le produisent, et lui doivent une nouvelle reproduction. Car la formation de l'enfant, dans le sein de sa mère, a lieu par suite du mélange de la semence de l'homme avec le sang de la femme, après la purification mensuelle. Cette semence a la faculté de réunir le sang en globules autour d'elle, comme la presure fait coaguler le lait, et forme enfin une substance, qui devient le corps de l'enfant, ni trop froide, ni trop ardente ; une nature bien tempérée est généralement productive ; les tempéraments dont les qualités sont extrêmes, sont une cause de stérilité. C'est ainsi que le grain pourrit dans une terre trop délayée par les eaux, et qu'il se flétrit dans une terre excessivement sèche. Au contraire, une terre où les sucs abondent, ni trop humide, ni trop ferme, conserve le grain et le fait pousser. Quelques naturalistes établissent que la semence des animaux est l'écume de leur sang. Aussi Diogène Apolloniate a appelé ces opérations aphrodisia, mot qui veut dire provenant de l'écume. "
― Clement of Alexandria , Le Pédagogue, Tome 1