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1 " The materialists, or some of them, would have us believe that the brain produces thoughts as an organ secretes fluids; this is to overlook What constitutes the very essence of thought, namely the materially unexplainable miracle of subjectivity: as if the cause of consciousness - immaterial and non-spatial by definition - could be a material object. "
― Frithjof Schuon , Roots of the Human Condition
2 " Another point that moderns do not grasp is that there is no reason for necessarily seeking the cause of a phenomenon on the plane where it is produced, and that on the contrary one has to consider the possibility of a non-material cause, above all when it is a question of a phenomenon whose beginning is unknown a priori, and unknowable materially, as is the origin of living beings. "
3 " A la question de savoir s'il vaut mieux avoir de l'intelligence ou un bon caractère, nous répondrons : un bon caractère. Pourquoi? parce que, quand on pose cette question, on ne pense jamais à l'intelligence intégrale, laquelle implique essentiellement la connaissance de soi ; inversement, un bon caractère implique toujours une part d'intelligence, à condition évidemment que la vertu soit réelle, et non compromise par un orgueil sous-jacent, comme c'est le cas dans le « zèle d'amertume». Le bon caractère s'ouvre à la vérité, exactement comme l'intelligence fidèle à sa substance débouche sur la vertu; nous pourrions dire aussi que la perfection morale coïncide avec la foi, qu'elle ne saurait donc être un perfectionnisme social dépourvu de contenu spirituel. "
4 " Il y a deux choses à envisager dans les choses créées, à savoir l'apparence empirique et le mécanisme ; or l'apparence manifeste l'intention divine (…) le mécanisme n'opère que le mode de manifestation. Chez l'homme corporel par exemple, l'intention divine s'exprime par la forme, la déiformité, le symbolisme, la beauté ; le mécanisme est l'anatomie et le fonctionnement vital. La mentalité moderne, à tendance toujours scientiste et « iconoclaste », tend à suraccentuer le mécanisme au détriment de l'intention créatrice, et cela sur tous les plans, psychologique aussi bien que physique ; il en résulte une mentalité blasée et « démystifiée » que rien n' « impressionne » plus. Avec l'oubli de l'intention divine, pourtant apparente a priori, on aboutit à un vide dépourvu de tout point de référence et de toute signification, et à une mentalité de nihilisme et de désespoir, si ce n'est de matérialisme insouciant et brutal. En face de cette déviation, c'est l'enfant qui a raison, quand il croit que le ciel bleu au-dessus de nous c'est le Paradis. "
5 " Il n'est pas hors de propos de faire remarquer dans ce contexte que la grande contradiction du matérialisme, c'est qu'il est pensé ; il n'est pas lui-même de la matière, il est un concept, donc quelque chose d'immatériel par définition. Le phénomène de la subjectivité -nous ne nous lassons pas de le dire - prouve concrètement l'absurdité de la thèse matérialiste, du fait que la nature même du penseur dément ce qu'il pense; autant déclarer ''objectivement'' que l'esprit humain est incapable d'objectivité, ou qu'il est vrai qu'il n'y a pas de vérité, et ainsi de suite. "
6 " Quoi qu'il en soit, si nous nous en tenons au sens courant du terme, être naïf c'est s'arrêter à la perspective simplificatrice et matérialisante de l'enfance, sans pour autant devoir perdre l'instinct pour la « seule chose nécessaire », lequel n'exige aucune expérience complexe ni aucun don de spéculation abstraite.Nous voudrions répondre ici à la question suivante : un homme libéré d'une erreur pernicieuse est-il devenu plus intelligent pour autant? Au point de vue de l'intelligence potentielle, non ; mais au point de vue de l'intelligence effective, oui, certainement; car sous ce rapport, vérité égale intelligence. La preuve en est que l'acceptation d'une vérité-clef entraîne la capacité de comprendre — comme par une réaction en chaîne — d'autres vérités du même ordre, plus une multitude d'applications subordonnées; toute compréhension illumine, toute incompréhension obscurcit. A l'opposé de la naïveté, il y a l'intelligence luciférienne, exploratrice, inventive, laquelle s'enfonce passionnément et aveuglément dans l'inconnu et l'indéfini; c'est l'histoire de Prométhée et d'Icare, et c'est la curiosité-suicide "
7 " Peut-être vaut-il la peine de rendre compte ici du phénomène ambigu de la naïveté : celle-ci est avant tout du manque d'expérience combiné avec de la crédulité, comme le prouve l'exemple des enfants, même les plus intelligents. La crédulité peut avoir un fond positif: elle peut être l'attitude de l'homme véridique qui croit tout naturellement que tout le monde est comme lui ; il y a des peuplades qui sont crédules parce qu'elles ignorent le mensonge. Il va donc de soi que la naïveté peut être chose toute relative : un homme qui ne connaît pas la psychologie des fous est un naïf aux yeux des psychiatres, même s'il est fort loin d'être un sot. S'il faut être « prudents comme les serpents » — à condition d'être « simples comme les colombes (7) » — c'est avant tout parce que l'ambiance dresse des embûches et qu'il faut savoir se défendre, c'est-à-dire que notre imagination doit avoir conscience des caprices de la mâyâ terrestre.(7) Ce qui du reste fait penser aux « pauvres dans l'esprit », qui ne sont certes pas censés manquer de facultés mentales. On connaît cette histoire : les novices condisciples du jeune Thomas d'Aquin, connaissant sa crédulité - réelle ou apparente - l'appelèrent un jour pour lui montrer « un boeuf qui vole », puis se moquèrent de lui parce qu'il courut à la fenêtre pour voir le phénomène; il leur répondit : « Un boeuf qui vole est chose moins extraordinaire qu'un moine qui ment. "