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The Art of Always Being Right QUOTES

11 " إن ما يسمى الرأي المشترك هو -بالنظر إليه جيداً- رأي شخصين أو ثلاثة أشخاص، وقد يمكننا أن نقتنع به إذا نحن لاحظنا كيف تولد فكرة كهذه. سنلاحظ إذن أنهما في البداية شخصان أو ثلاثة أشخاص هم الذين سلموا به أو أوردوه وأكدوه، وإنه من باب الرفق بهم الاعتقاد أنهم فحصوه تماماً. والبعض الآخر طفق بالمثل، مستعجلاً الحكم بالكفاءة الكاملة لهم في تبني هذا الرأي. بدوره عدد كبير من الأشخاص يركنون إلى هؤلاء. يحملهم كسلهم على تصديق الأمور دفعة واحدة عوض عناء فحصها. هكذا ازداد يوماً بعد يوم عدد هؤلاء الأتباع الكسالى والسّذج، لأنه بمجرد أن يحوز الرأي عدداً لا بأس به من الأصوات يظن اللاحقون أنه ما كان له -أي الرأي- أن يشدّهم إلّا بفضل صحة أسسه. والآخرون مجبرون إذن على الاعتراف بما كان مقبولاً عامةً لكيلا يتمَّ اعتبارهم أرواحاً قلقة ثائرة ضد آراء مقبولة عالمياً ووقحين يحسبون أنفسهم أشد مكراً من جميع الناس. إن التأييد إذن أصبح واجباً. من الآن فصاعداً، العدد القليل من أولئك الذين هم قادرون على الحكم مجبر على الصمت، وأولئك الذين لهم الحق في الكلام هو أولئك العاجزون تماماً عن أن يختلقوا لأنفسهم رأياً وحكماً، والذين ليسوا إذن إلّا صدى لآراء الغير. إنهم مع ذلك مدافعون عنها، شديدون ومتعصبون. لأن ما يمقتونه عند ذلك الذي يفكر على نحو مغاير؛ ليس كثيراً الرأي المخالف الذي يعظمه أكثر من التعجرف الموجود لدي في إرادته الحكم بنفسه، الشيء الذي لا يفعلونه أنفسهم بطبيعة الحال أبداً، والذي هم واعون به في سرّهم. باختصار، القليل من الناس يحسنون التفكير، لكن الجميع يريد أن يمتلك آراءً. "

Arthur Schopenhauer , The Art of Always Being Right

14 " L'Art d’avoir toujours raison La dialectique 1 éristique est l’art de disputer, et ce de telle sorte que l’on ait toujours raison, donc per fas et nefas (c’est-à-dire par tous les moyens possibles)2. On peut en effet avoir objectivement raison quant au débat lui-même tout en ayant tort aux yeux des personnes présentes, et parfois même à ses propres yeux. En effet, quand mon adversaire réfute ma preuve et que cela équivaut à réfuter mon affirmation elle-même, qui peut cependant être étayée par d’autres preuves – auquel cas, bien entendu, le rapport est inversé en ce qui concerne mon adversaire : il a raison bien qu’il ait objectivement tort. Donc, la vérité objective d’une proposition et la validité de celle-ci au plan de l’approbation des opposants et des auditeurs sont deux choses bien distinctes. (C'est à cette dernière que se rapporte la dialectique.) D’où cela vient-il ? De la médiocrité naturelle de l’espèce humaine. Si ce n’était pas le cas, si nous étions foncièrement honnêtes, nous ne chercherions, dans tout débat, qu’à faire surgir la vérité, sans nous soucier de savoir si elle est conforme à l’opinion que nous avions d’abord défendue ou à celle de l’adversaire : ce qui n’aurait pas d’importance ou serait du moins tout à fait secondaire. Mais c’est désormais l’essentiel. La vanité innée, particulièrement irritable en ce qui concerne les facultés intellectuelles, ne veut pas accepter que notre affirmation se révèle fausse, ni que celle de l’adversaire soit juste. Par conséquent, chacun devrait simplement s’efforcer de n’exprimer que des jugements justes, ce qui devrait inciter à penser d’abord et à parler ensuite. Mais chez la plupart des hommes, la vanité innée s’accompagne d’un besoin de bavardage et d’une malhonnêteté innée. Ils parlent avant d’avoir réfléchi, et même s’ils se rendent compte après coup que leur affirmation est fausse et qu’ils ont tort, il faut que les apparences prouvent le contraire. Leur intérêt pour la vérité, qui doit sans doute être généralement l’unique motif les guidant lors de l’affirmation d’une thèse supposée vraie, s’efface complètement devant les intérêts de leur vanité : le vrai doit paraître faux et le faux vrai. "

Arthur Schopenhauer , The Art of Always Being Right