(2) (Hawla Tajdid Taqyim A-turath)

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" Plus tard, un jeune professeur de philosophie, rompu à l'analyse logique, fit, sans le vouloir peut-être, la théorie de cette pratique politique (*). Il la dévoila avec la plus grande clarté, précisément parce que, étant un pur logicien et de bonne foi, il était aveugle aux leçons de l'histoire (2). Au lieu de mettre cette pratique au compte d'une époque, d'un pays, d'une structure social ou d'un homme, il la mit directement en relation avec les préceptes de la religion. Il alla jusqu'à faire l'apologie de la 'ubudiyya (servitude) islamique, opposé au concept de muwatana (citoyenneté) hellénique. Ce professeur ignorait sans doute que le procès de la modernité et de la démocratie était courant au 19e siècle, même en Angleterre, patrie du libéralisme politique. Il n'avait qu'à revenir à l'autobiographie du cardinal Newman, qui retrace les étapes de sa conversion au catholicisme romain, pour retrouver l'essentiel de son argumentation. Ce qu'on peut lui reprocher, c'est qu'il se souciait peu des mobiles de sa pensée ; il s'attribuait une logique qui était celle des faits, non celle des concepts qu'il s'acharnait à redéfinir ; il ne voyait pas qu'elle soutenait une politique éducative, poursuivie par différents moyens depuis plus d'une génération. Qu'un philosophe se décide, à une certaine étape de sa carrière, de s'affilier à l'un des ordres les plus fermés à l'influence du monde moderne, qu'il arrive par la seule force de ses déductions - c'est du moins ce que je présume, peut-être à tort - à justifier une totale démission de l'esprit, à refuser l'idée de citoyenneté, à accepter d'investir un homme, chef d'Etat ou dirigeant de confrérie, d'une pouvoir absolu, prouve à quel point cette politique avait réussi et combien l'individu est malléable.

(*)créer, ou de recréer un type d'homme qui fut spontanément en phase à la fois avec son environement moderne et son héritage politique et social."
(2) (Hawla Tajdid Taqyim A-turath)

chapitre XI, pp 133-134 "

عبد الله العروي , Le Maroc et Hassan II : Un témoignage


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عبد الله العروي quote : Plus tard, un jeune professeur de philosophie, rompu à l'analyse logique, fit, sans le vouloir peut-être, la théorie de cette pratique politique (*). Il la dévoila avec la plus grande clarté, précisément parce que, étant un pur logicien et de bonne foi, il était aveugle aux leçons de l'histoire (2). Au lieu de mettre cette pratique au compte d'une époque, d'un pays, d'une structure social ou d'un homme, il la mit directement en relation avec les préceptes de la religion. Il alla jusqu'à faire l'apologie de la 'ubudiyya (servitude) islamique, opposé au concept de muwatana (citoyenneté) hellénique. Ce professeur ignorait sans doute que le procès de la modernité et de la démocratie était courant au 19e siècle, même en Angleterre, patrie du libéralisme politique. Il n'avait qu'à revenir à l'autobiographie du cardinal Newman, qui retrace les étapes de sa conversion au catholicisme romain, pour retrouver l'essentiel de son argumentation. Ce qu'on peut lui reprocher, c'est qu'il se souciait peu des mobiles de sa pensée ; il s'attribuait une logique qui était celle des faits, non celle des concepts qu'il s'acharnait à redéfinir ; il ne voyait pas qu'elle soutenait une politique éducative, poursuivie par différents moyens depuis plus d'une génération. Qu'un philosophe se décide, à une certaine étape de sa carrière, de s'affilier à l'un des ordres les plus fermés à l'influence du monde moderne, qu'il arrive par la seule force de ses déductions - c'est du moins ce que je présume, peut-être à tort - à justifier une totale démission de l'esprit, à refuser l'idée de citoyenneté, à accepter d'investir un homme, chef d'Etat ou dirigeant de confrérie, d'une pouvoir absolu, prouve à quel point cette politique avait réussi et combien l'individu est malléable.<br /><br />(*)créer, ou de recréer un type d'homme qui fut spontanément en phase à la fois avec son environement moderne et son héritage politique et social.(2) (Hawla Tajdid Taqyim A-turath)

chapitre XI, pp 133-134" style="width:100%;margin:20px 0;"/>