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" L'avenir de la Volte avait toujours dépendu d'un combat d'animaux, un combat sans fin qui se déroulait en, et entre, chaque Volté. Peut-être y avait-il d'abord en nous Le Chien qui Mord, l'animal domestique qui se croit loup parce qu'il vit en bande et qu'il a les crocs longs. La bête qui, à l'approche des maîtres, agite le métal de ses chaînes pour qu'on les lui détache, s'étouffe en sautant et clabaude de rage de ne pouvoir les mordre — si bien qu'elle finit par se battre contre le berger allemand qu'on a mis à côté pour aiguiser sa haine et qui l'aiguise si bien qu'elle en finit par croire que ce chien policier, avec sa niche en fer et les mêmes chaînes rouillées, est son seul ennemi — elle en oublie les maîtres. Oui, en nous vivait ce mâcheur de viande froide, l'aboyeur des rêves-voltes arrimé à sa niche, le souleveur de chenil, qui croit montrer sa foi en montrant ses morsures, dégage son cou pelé pour preuve de sa bravoure, qui jappe, lutte ! lutte ! bien qu'il ne sache plus pour quoi, toujours à quêter cette pâtée qui ne vient pas, apte juste à glapir, à courir et à aboyer lorsque les autres aboient. "

Alain Damasio , La Zone du dehors


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Alain Damasio quote : L'avenir de la Volte avait toujours dépendu d'un combat d'animaux, un combat sans fin qui se déroulait en, et entre, chaque Volté. Peut-être y avait-il d'abord en nous Le Chien qui Mord, l'animal domestique qui se croit loup parce qu'il vit en bande et qu'il a les crocs longs. La bête qui, à l'approche des maîtres, agite le métal de ses chaînes pour qu'on les lui détache, s'étouffe en sautant et clabaude de rage de ne pouvoir les mordre — si bien qu'elle finit par se battre contre le berger allemand qu'on a mis à côté pour aiguiser sa haine et qui l'aiguise si bien qu'elle en finit par croire que ce chien policier, avec sa niche en fer et les mêmes chaînes rouillées, est son seul ennemi — elle en oublie les maîtres. Oui, en nous vivait ce mâcheur de viande froide, l'aboyeur des rêves-voltes arrimé à sa niche, le souleveur de chenil, qui croit montrer sa foi en montrant ses morsures, dégage son cou pelé pour preuve de sa bravoure, qui jappe, lutte ! lutte ! bien qu'il ne sache plus pour quoi, toujours à quêter cette pâtée qui ne vient pas, apte juste à glapir, à courir et à aboyer lorsque les autres aboient.