8
" The women say that they could not eat hare veal or fowl, they say that they could not eat animals, but man, yes, they may. He says to them throwing his head back with pride, poor wretches of women, if you eat him who will go to work in the fields, who will produce food consumer goods, who will make the aeroplanes, who will pilot them, who will provide the spermatozoa, who will write the books, who in fact will govern? Then the women laugh, baring their teeth to the fullest extent. "
― Monique Wittig , Les Guérillères
13
" They say, hell, let the earth become a vast hell destroying killing and setting fire to the buildings of men, to theatres, national assemblies, to museums, libraries, prisons, psychiatric hospitals, old and new, from which they free the slaves. "
― Monique Wittig , Les Guérillères
15
" Elles disent, malheureuse, ils t'ont chassée du monde des signes, et cependant ils t'ont donné des noms, ils t'ont appelée esclave, toi malheureuse esclave. Comme des maîtres ils ont exercé leur droit de maître. Ils écrivent de ce droit de donner des noms qu'il va si loin que l'on peut considérer l'origine du langage comme un acte d'autorité émanant de ceux qui dominent. Ainsi ils disent qu'ils ont dit, ceci est telle ou telle chose, ils ont attaché à un objet et à un fait tel vocable et par là ils se le sont pour ainsi dire appropriés. Elles disent, ce faisant ils ont gueulé hurlé de toutes leurs forces pour te réduire au silence. Elles disent, le langage que tu parles t'empoisonne la glotte la langue le palais les lèvres. Elles disent le langage que tu parles est fait de mots qui te tuent. Elles disent, le langage que tu parles est fait de signes qui à proprement parler désignent ce qu'ils se sont appropriés. Ce sur quoi ils n'ont pas mis la main, ce sur quoi ils n'ont pas fondu comme des rapaces aux yeux multiples, cela n'apparaît pas dans le langage que tu parles. Cela se manifeste juste dans l'intervalle que les maîtres n'ont pas pu combler avec leurs mots de propriétaires et de possesseurs, cela peut se chercher dans la lacune, dans tout ce qui n'est pas la continuité de leurs discours, dans le zéro, le O, le cercle parfait que tu inventes pour les emprisonner et pour les vaincre. "
― Monique Wittig , Les Guérillères