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" Everyone was always hungry. The poorer you were, the hungrier you were, and with the hunger came weakness and irritability. It became difficult to think clearly and you needed to think clearly to work out how to survive the next day, how to get food. You were sure you could still work if you could find work, and you could look for it if only you could eat. But how were you going to get food, for yourself, for your children, for your wife or husband, for your parents? There were simply too many people within those walls for the calories that were let in. How were you to get food when there just wasn't enough of it? What were you going to have to do? With hunger of this severity came fatigue, a weakness that transcended tiredness and permeated your sinews and bones. As your limbs got ever lighter, they felt progressively heavier with each new day. "
― Elliot Perlman , The Street Sweeper
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" Je n'étais même pas libre de pleurer. Qui est jamais libre de pleurer ? Il y a toujours des gens autour, des gens capables de regarder sans le voir un homme sur son chemin de croix, avec sa carrière dans des cartons, mais incapables de supporter le festin visuel d'un homme en pleurs, oui, en pleurs, emporté par l'hiver de son déplaisir.
Mais eux non plus, ils n'étaient pas libres d'ingérer le spectacle et de retourner à leurs affaires pour pleurer, de peur que leurs collègues ne les voient en larmes devant leur écran d'ordinateur. Le dernier qui pleurera aura gagné. Nous savons tous ça. Les enfants le tiennent pour un article de foi. Les adultes, eux, ne sont plus en position de le formuler comme tel, mais ils le savent d'instinct. En conclusion, personne n'est libre de pleurer. Personne excepté Tanya.
Devant le gare, il m'est apparu que personne n'est réellement libre, pas seulement en matière de larmes, mais en toute chose. Si un évènement ou une situation détermine ou en cause une autre, en quel sens peut-on prétendre que nous sommes libres d'agir ou non ? Si notre comportement est déterminé par toute une série de facteurs, notre structure génétique, la manière dont nous avons été mis au monde, notre perception de l'amour, l'attention et le confort matériel que nous avons connus enfant, jusqu'à notre taux de sucre dans le sang et notre exposition immédiate aux conditions climatiques dominantes, en quoi sommes-nous libres ?
Et même si nous pouvions calculer l'effet de tous ces facteurs et prédire notre comportement, nous ne serions toujours pas libres. Car être capable de prédire les évènements futurs ne permet pas pour autant de les influencer si les variables qui les déterminent échappent à notre contrôle. "
― Elliot Perlman , Three Dollars