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" Parmi les nombreuses maîtresses que vous avez troussées, avouez qu’il y en a une ou deux qui vous ont laissé des échardes dans le saignant. Il ne s’agit jamais de la plus belle, de la plus douce, de la plus prestigieuse, non, non… En général, ce serait plutôt une conquête de seconde catégorie, levée parce qu’elle était piquante, que vous avez prise pour l’aventure d’un soir. Et voici que la sournoise vous a ferré, en embuscade! (nouvelle "Le sentiment du fer") "
― Jean-Philippe Jaworski , Le Sentiment du fer
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" Parmi les nombreuses maîtresses que vous avez troussées, avouez qu'il y en a une ou deux qui vont ont laissé des échardes dans le saignant. Il ne s'agit jamais de la plus belle, de la plus douce, de la plus prestigieuse, non, non... En général, ce serait plutôt une conquête de seconde catégorie, levée parce qu'elle était piquante, que vous avez prise pour l'aventure d'un soir. Et voici que la sournoise vous a ferré, en embuscade ! Elle vous a emmiellé dans une soie gluante de passion, la toquade a viré flambée de fièvre. Plus moyen de vous dépêtrer. Le pire, c'est que vous n'étiez même pas sûr de l'aimer, que vous ne compreniez rien à cette malédiction ! Cette liaison, c'était un naufrage dans une mer mauvaise, toute écumeuse de récifs. "
― Jean-Philippe Jaworski , Le Sentiment du fer
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" Les moralistes qui affirment que l’homme d’État doit être le serviteur de sa nation n’ont rien compris au gouvernement. Gouverner n’est pas un ministère ; voilà bien une idée pour le clergé, un vœu pieux qui peut mener à de dangereuses dérives. La vérité est plus simple : gouverner, c’est comme coucher. Si les deux partenaires aiment ça, ils se confondent. Ils partagent tout. J’ai une connaissance intime de la république. Je sais tout de ses faiblesses : la vanité, la coquetterie artistique, l’affairisme, le clientélisme, la corruption, le populisme, le chauvinisme, la calomnie… Sans oublier le mépris, bien sûr. Autant de petits travers qu’il suffit de flatter pour circonvenir les élites, pour faire brailler la plèbe dans la rue, pour faire crier la république tout entière comme une courtisane. Je baise la république, et je la baise bien. J’ai cerné l’essence même de Ciudalia, et c’est la raison pour laquelle Ciudalia m’aime. Ce qui fait la grandeur de Leonide Ducatore fait la grandeur de Ciudalia. Dès lors, pourquoi me priverais-je de jouir de l’État ? Je le sers en me servant. "
― Jean-Philippe Jaworski , Gagner la guerre
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" Bien sûr, je vois déjà mon aimable lecteur en train de ricaner sur mon compte, en se disant que pour un type taciturne, le Benvenuto a un sacré crachoir. Eh bien j'ai le regret de dire à mon aimable lecteur qu'il se fourre une phalange ou deux dans l’œil, en plus de risquer des ennuis s'il me croise au coin d'une rue. Je suis tout ce qu'on voudra, beau parleur, phraseur, cabotin, et même un peu éloquent si je m'oublie, oui madame, mais je ne suis pas bavard. Pas du tout. Le bavard est un imbécile qui parle sans réfléchir. Le bavard est un incontinent qui ne garde rien. C'est un panier percé qui ne se rend pas compte de la valeur de la parole. "
― Jean-Philippe Jaworski , Gagner la guerre