29
" Spring, in Brittany, is milder than spring in Paris, and bursts into flower three weeks earlier. The five birds that herald its appearance—the swallow, the oriole, the cuckoo, the quail, and the nightingale—arrive with the breezes that refuge in the bays of the Armorican peninsula.[28] The earth is covered over with daisies, pansies, jonquils, daffodils, hyacinths, buttercups, and anemones, like the wastelands around San Giovanni of Laterano and the Holy Cross of Jerusalem in Rome. The clearings are feathered with tall and elegant ferns; the fields of gorse and broom blaze with flowers that one may take at first glance for golden butterflies. The hedges, along which strawberries, raspberries, and violets grow, are adorned with hawthorn, honeysuckle, and brambles whose brown, curving shoots burst forth with magnificent fruits and leaves. All the world teems with bees and birds; hives and nests interrupt the child’s every footstep. In certain sheltered spots, the myrtle and the rose-bay flourish in the open air, as in Greece; figs ripen, as in Provence; and every apple tree, bursting with carmine flowers, looks like the big bouquet of a village bride. "
― François-René de Chateaubriand , Mémoires d'Outre-Tombe
36
" Un jour le Meschacebé, encore assez près de sa source, se lassa de n'être qu'un limpide ruisseau. Il demande des neiges aux montagnes, des eaux aux torrents, des pluies aux tempêtes, il franchit ses rives, et désole ses bords charmants. L'orgueilleux ruisseau s'applaudit d'abord de sa puissance; mais voyant que tout devenait désert sur son passage; qu'il coulait, abandonné dans la solitude; que ses eaux étaient toujours troublées, il regretta l'humble lit que lui avait creusé la nature, les oiseaux, les fleurs, les arbres et les ruisseaux, jadis modestes compagnons de son paisible cours. "
― François-René de Chateaubriand
37
" Cette société, que j'ai remarquée la première dans ma vie, est aussi la première qui ait disparu à mes yeux. J'ai vu la mort entrer sous ce toit de paix et de bénédiction, le rendre peu à peu solitaire, fermer une chambre et puis une autre qui ne se rouvrait plus. J'ai vu ma grand'mère forcée de renoncer à son quadrille, faute des partners accoutumés; j'ai vu diminuer le nombre de ces constantes amies, jusqu'au jour où mon aïeule tomba la dernière. Elle et sa sœur s'étaient promis de s'entre-appeler aussitôt que l'une aurait devancé l'autre; elles se tinrent parole, et madame de Bedée ne survécut que peu de mois à mademoiselle de Boisteilleul.
Je suis peut-être le seul homme au monde qui sache que ces personnes ont existé. Vingt fois, depuis cette époque, j'ai fait la même observation; vingt fois des sociétés se sont formées et dissoutes autour de moi. Cette impossibilité de durée et de longueur dans les liaisons humaines, cet oubli profond qui nous suit, cet invincible silence qui s'empare de notre tombe et s'étend de là sur notre maison, me ramènent sans cesse à la nécessité de l'isolement.
Toute main est bonne pour nous donner le verre d'eau dont nous pouvons avoir besoin dans la fièvre de la mort. Ah! qu'elle ne nous soit pas trop chère! car comment abandonner sans désespoir la main que l'on a couverte de baisers et que l'on voudrait tenir éternellement sur son cœur? "
― François-René de Chateaubriand , Mémoires d'Outre-Tombe
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" Non vedrò più la magnolia che destinava la sua rosa alla tomba della mia fanciulla della Florida, il pino di Gerusalemme e il cedro del Libano consacrati alla memoria di Gerolamo, l'alloro di Granada, il platano della Grecia, le querce dell'Armorica ai piedi dei quali dipinsi Blanca, cercai Cymodocée, immaginai Velléda. Questi alberi nacquero e crebbero insieme ai miei sogni: erano le mie amadriadi. Essi stanno per passare sotto un'altra autorità: il loro nuovo padrone li amerà come li amavo? Li lascerà seccare, forse li taglierà, non devo conservare nulla in questo mondo? Evocherò l'addio che dissi un tempo ai boschi di Combourg dicendo addio ai boschi di Aluny: tutti i miei giorni sono degli addii. "
― François-René de Chateaubriand , Mémoires d'outre-tombe, Tome 1: Livres I à XII