Home > Work > Dostoïevski, Le meurtre et l'espérance
1 " Comme la vie est lente... Comme l'espérance est violente..." Ce sont les mots d'un poète. Dostoïevski a probablement montré l'inverse et le constat qui est le sien serait plutôt que la vie est violente et l'espérance lente à porter son fruit. Il aura, en revanche, donné à voir le déchirement induit par la différence d'allure que pointait Apollinaire.[...]Ce que le poète a désigné n'en est pas moins révélateur de cela même qui fonde les romans de Dostoïevski et, peut-être, la littérature en son principe. Il ne s'agit en effet rien de moins que du constat que la vie ne parvient pas à s'établir sur la pointe de ses bonheurs. D'où ce déséquilibre entre elle et le désir. D'où ce décalage entre le vécu et l'espérance. Ce n'est pas à dire que la joie y manque forcément, mais qu'on ne sait pas durer le souffle coupé par l'émotion d'un surcroît. Or la parole littéraire, en ce qu'elle nous ressemble, en ce qu'elle ressemble à nos vécus, ne séjourne pas davantage sur les points d'intensité heureuse qu'on voudrait y représenter. "
― , Dostoïevski, Le meurtre et l'espérance