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" Je ne sais plus quoi dire. La pluie tombe toujours, comme une chute de sable sur la mer. La ville est laide. Il fait froid - l’automne a commencé. Jamais deux personnes ne seront ensemble - la chair est invisible, trop loin de toucher. Tout le monde parle sans rien dire, sans paroles, sans sens. Les mouvements des jambes deviennent ivres. Les anges dansent et la merde est partout.
Je ne fais rien. Je n’écris pas, je ne pense pas. Tout est devenu lourd, difficile, pénible. Il n’y a ni commencement de commençant ni fin de finissant. Chaque fois qu’il est détruit, il paraît encore parmi ses propres ruines. Je ne le questionne plus. Une fois fini je retourne et je commence encore. Je me dis, un petit peu plus, n’arrêtes pas maintenant, un petit peu plus et tout changera, et je continue, même si je ne comprends pas porquoi, je continue, et je pense que chaque fois sera la dernière. Oui, je parle, je force les paroles à sonner (à quoi bon?), ces paroles anciennes, qui ne sont plus les miennes, ces paroles qui tombent sans cesse ma bouche… "

Paul Auster , Report from the Interior


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Paul Auster quote : Je ne sais plus quoi dire. La pluie tombe toujours, comme une chute de sable sur la mer. La ville est laide. Il fait froid - l’automne a commencé. Jamais deux personnes ne seront ensemble - la chair est invisible, trop loin de toucher. Tout le monde parle sans rien dire, sans paroles, sans sens. Les mouvements des jambes deviennent ivres. Les anges dansent et la merde est partout.<br />Je ne fais rien. Je n’écris pas, je ne pense pas. Tout est devenu lourd, difficile, pénible. Il n’y a ni commencement de commençant ni fin de finissant. Chaque fois qu’il est détruit, il paraît encore parmi ses propres ruines. Je ne le questionne plus. Une fois fini je retourne et je commence encore. Je me dis, un petit peu plus, n’arrêtes pas maintenant, un petit peu plus et tout changera, et je continue, même si je ne comprends pas porquoi, je continue, et je pense que chaque fois sera la dernière. Oui, je parle, je force les paroles à sonner (à quoi bon?), ces paroles anciennes, qui ne sont plus les miennes, ces paroles qui tombent sans cesse ma bouche…