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" Nul ne songerait à se plaindre de l’adoucissement des mœurs, mais il convient néanmoins de le considérer, non pas isolément, mais dans son contexte, car celui-ci en révèle l’intention, la portée et la valeur. En réalité, l’adoucissement des mœurs - dans la mesure où il n’est pas illusoire - ne peut être une supériorité intrinsèque qu’à deux conditions, à savoir, premièrement, qu’il soit un avantage concret pour la société, et deuxièmement, que son prix ne soit pas ce qui donne un sens à la vie ; le respect de la personne humaine ne doit pas ouvrir la porte à la dictature de l’erreur et de la bassesse, à l’écrasement de la qualité par la quantité, à la corruption générale et à la perte des valeurs culturelles, sans quoi il n’est, par rapport aux tyrannies antiques, que l’excès contraire et non la norme. Quand l’humanitarisme n’est plus que l’expression d’une surestimation de l’humain aux dépens du divin, ou du fait brut aux dépens de la vérité, il ne saurait avoir la valeur d’une acquisition positive ; il est facile de critiquer le « fanatisme » de nos ancêtres quand on n’a même plus la notion d’une vérité salvatrice, ou d’être « tolérant » quand on se moque de la religion. "

Frithjof Schuon , Light on the Ancient Worlds: A New Translation with Selected Letters


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Frithjof Schuon quote : Nul ne songerait à se plaindre de l’adoucissement des mœurs, mais il convient néanmoins de le considérer, non pas isolément, mais dans son contexte, car celui-ci en révèle l’intention, la portée et la valeur. En réalité, l’adoucissement des mœurs - dans la mesure où il n’est pas illusoire - ne peut être une supériorité intrinsèque qu’à deux conditions, à savoir, premièrement, qu’il soit un avantage concret pour la société, et deuxièmement, que son prix ne soit pas ce qui donne un sens à la vie ; le respect de la personne humaine ne doit pas ouvrir la porte à la dictature de l’erreur et de la bassesse, à l’écrasement de la qualité par la quantité, à la corruption générale et à la perte des valeurs culturelles, sans quoi il n’est, par rapport aux tyrannies antiques, que l’excès contraire et non la norme. Quand l’humanitarisme n’est plus que l’expression d’une surestimation de l’humain aux dépens du divin, ou du fait brut aux dépens de la vérité, il ne saurait avoir la valeur d’une acquisition positive ; il est facile de critiquer le « fanatisme » de nos ancêtres quand on n’a même plus la notion d’une vérité salvatrice, ou d’être « tolérant » quand on se moque de la religion.