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" Ce qui caractérise, entre autres, l'esprit rationaliste, c'est un sens critique rétrospectif, non prospectif ; la psychose de la « civilisation » et du « progrès » en témoignent à satiété. De toute évidence, le sens critique est en lui même un bien qui s'impose, mais il exige un contexte spirituel qui le justifie et le proportionne. Il n'y a rien de surprenant à ce que l'esthétique des rationalistes n'admette que l'art de l'Antiquité classique, lequel inspira en fait la Renaissance, puis le monde des encyclopédistes, de la Révolution française et, très largement, tout le XIXe siècle ; or cet art — que d'ailleurs Platon n'appréciait pas — frappe par sa combinaison de rationalité et de passion sensuelle : son architecture a quelque chose de froid et de pauvre — spirituellement parlant — tandis que sa statuaire manque totalement de transparence métaphysique et partant de profondeur contemplative. C'est tout ce que des cérébraux invétérés peuvent désirer.

Un rationaliste peut avoir raison — l'homme n'étant pas un système clos — avons-nous dit plus haut. On rencontre en effet, dans la philosophie moderne, des aperçus valables ; n'empêche que leur contexte général les compromet et les affaiblit. Ainsi, l'« impératif catégorique » ne signifie pas grand chose de la part d'un penseur qui nie la métaphysique et avec elle les causes transcendantes des principes moraux, et qui ignore que la moralité intrinsèque est avant tout notre conformité à la nature de l'Être. "

Frithjof Schuon , The Transfiguration of Man


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Frithjof Schuon quote : Ce qui caractérise, entre autres, l'esprit rationaliste, c'est un sens critique rétrospectif, non prospectif ; la psychose de la « civilisation » et du « progrès » en témoignent à satiété. De toute évidence, le sens critique est en lui même un bien qui s'impose, mais il exige un contexte spirituel qui le justifie et le proportionne. Il n'y a rien de surprenant à ce que l'esthétique des rationalistes n'admette que l'art de l'Antiquité classique, lequel inspira en fait la Renaissance, puis le monde des encyclopédistes, de la Révolution française et, très largement, tout le XIXe siècle ; or cet art — que d'ailleurs Platon n'appréciait pas — frappe par sa combinaison de rationalité et de passion sensuelle : son architecture a quelque chose de froid et de pauvre — spirituellement parlant — tandis que sa statuaire manque totalement de transparence métaphysique et partant de profondeur contemplative. C'est tout ce que des cérébraux invétérés peuvent désirer.<br /><br />Un rationaliste peut avoir raison — l'homme n'étant pas un système clos — avons-nous dit plus haut. On rencontre en effet, dans la philosophie moderne, des aperçus valables ; n'empêche que leur contexte général les compromet et les affaiblit. Ainsi, l'« impératif catégorique » ne signifie pas grand chose de la part d'un penseur qui nie la métaphysique et avec elle les causes transcendantes des principes moraux, et qui ignore que la moralité intrinsèque est avant tout notre conformité à la nature de l'Être.