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" On fait la « psychanalyse » d’un scolastique par exemple, ou même d’un Prophète, afin de « situer » leur doctrine - inutile de souligner le monstrueux orgueil qu’implique une semblable attitude -, et on décèle avec une logique toute machinale et parfaitement irréelle les « influences» que cette doctrine aurait subies ; on n’hésite pas à attribuer, ce faisant, à des saints toutes sortes de procédés artificiels, voire frauduleux, mais on oublie évidemment, avec une satanique inconséquence, d’appliquer ce principe à soi-même et d’expliquer sa propre position - prétendument « objective » - par des considérations psychanalytiques ; bref, on traite les sages comme des malades et on se prend pour un dieu. Dans le même ordre d’idées, on affirme sans vergogne qu’il n’y a pas d’idées premières : qu’elles ne sont dues qu’à des préjugés d’ordre grammatical - donc à la stupidité des sages qui en ont été dupes - et qu’elles n’ont eu pour effet que de stériliser « la pensée » durant des millénaires, et ainsi de suite ; il s’agit d’énoncer un maximum d’absurdités avec un maximum de subtilité. Comme sentiment de plénitude, il n’y a rien de tel que la conviction d’avoir inventé la poudre ou posé sur la pointe l’oeuf de Christophe Colomb ! "

Frithjof Schuon , Light on the Ancient Worlds: A New Translation with Selected Letters


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Frithjof Schuon quote : On fait la « psychanalyse » d’un scolastique par exemple, ou même d’un Prophète, afin de « situer » leur doctrine - inutile de souligner le monstrueux orgueil qu’implique une semblable attitude -, et on décèle avec une logique toute machinale et parfaitement irréelle les « influences» que cette doctrine aurait subies ; on n’hésite pas à attribuer, ce faisant, à des saints toutes sortes de procédés artificiels, voire frauduleux, mais on oublie évidemment, avec une satanique inconséquence, d’appliquer ce principe à soi-même et d’expliquer sa propre position - prétendument « objective » - par des considérations psychanalytiques ; bref, on traite les sages comme des malades et on se prend pour un dieu. Dans le même ordre d’idées, on affirme sans vergogne qu’il n’y a pas d’idées premières : qu’elles ne sont dues qu’à des préjugés d’ordre grammatical - donc à la stupidité des sages qui en ont été dupes - et qu’elles n’ont eu pour effet que de stériliser « la pensée » durant des millénaires, et ainsi de suite ; il s’agit d’énoncer un maximum d’absurdités avec un maximum de subtilité. Comme sentiment de plénitude, il n’y a rien de tel que la conviction d’avoir inventé la poudre ou posé sur la pointe l’oeuf de Christophe Colomb !