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" Elle a l'impression d'être debout au bord d'une falaise, de voir les nuages blancs qui flottent à ses pieds, elle sait qu'au-dessous s'étend une gorge insondable. Elle se débat vraiment, mais lui a perdu toute raison, il est comme une bête sauvage décidée à se battre jusqu'à la mort. A bout de forces, elle se défend en vain. Parce que son corps est resté si longtemps solitaire, que le désespoir a détruit son désir, qu'elle oppose une résistance sincère et énergique, parce qu'à cet instant elle n'y est pas préparée, de façon inattendue, elle est submergée par une immense sensation de jouissance telle qu'elle n'en avait jamais connu. Cette plénitude efface tout ce qu'elle avait vécu auparavant. On peut mourir sans regret quand on a connu un tel instant. Cette joie irradie jusqu'aux moindres parcelles de son corps, sa jouissance n'a jamais atteint de tels sommets. Elle a un goût d'éternité, comme une cérémonie d'adieux parfaitement réussie.
Lui aussi ressent cet instant comme exceptionnel. Il s'écarte pour s'étendre sur le dos à côté d'elle et observe le ciel étoilé. A cet instant, le chant des porteurs d'eau monte de la rivière perdue dans le brouillard comme un chœur formé de cent voix à l'unisson, puissant et pourtant maîtrisé. Étendus l'un près de l'autre, ils sont saisis par un sentiment étrange et inconnu. Un lourd pressentiment pèse sur eux.
p 158-159 "

Wang Anyi , Love in a Small Town


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Wang Anyi quote : Elle a l'impression d'être debout au bord d'une falaise, de voir les nuages blancs qui flottent à ses pieds, elle sait qu'au-dessous s'étend une gorge insondable. Elle se débat vraiment, mais lui a perdu toute raison, il est comme une bête sauvage décidée à se battre jusqu'à la mort. A bout de forces, elle se défend en vain. Parce que son corps est resté si longtemps solitaire, que le désespoir a détruit son désir, qu'elle oppose une résistance sincère et énergique, parce qu'à cet instant elle n'y est pas préparée, de façon inattendue, elle est submergée par une immense sensation de jouissance telle qu'elle n'en avait jamais connu. Cette plénitude efface tout ce qu'elle avait vécu auparavant. On peut mourir sans regret quand on a connu un tel instant. Cette joie irradie jusqu'aux moindres parcelles de son corps, sa jouissance n'a jamais atteint de tels sommets. Elle a un goût d'éternité, comme une cérémonie d'adieux parfaitement réussie.<br />Lui aussi ressent cet instant comme exceptionnel. Il s'écarte pour s'étendre sur le dos à côté d'elle et observe le ciel étoilé. A cet instant, le chant des porteurs d'eau monte de la rivière perdue dans le brouillard comme un chœur formé de cent voix à l'unisson, puissant et pourtant maîtrisé. Étendus l'un près de l'autre, ils sont saisis par un sentiment étrange et inconnu. Un lourd pressentiment pèse sur eux.<br />p 158-159